Pour le mouvement interparti Pro Suisse, cette opération de relations publiques de l’Ukraine revient à instrumentaliser le Palais fédéral. Le fait que les bureaux compétents du Parlement aient donné leur accord est une absurdité grossière en matière de politique de neutralité. Que l’apparition vidéo doive avoir lieu pendant une pause, de sorte que les parlementaires critiques puissent rester à l’écart sans faire trop de bruit, est non seulement ridicule – le Parlement devient-il donc une cour de récréation ? -, mais porte également atteinte à la dignité de l’Assemblée fédérale. Les actions de relations publiques ne sont utiles ni aux personnes qui souffrent de la guerre ni aux efforts pour mettre fin à cette guerre indicible. La guerre d’agression russe est condamnable – c’est certain. Mais la Suisse neutre doit se concentrer sur les bons offices dans la perspective d’une solution de paix, de l’aide humanitaire et de la reconstruction. Il est politiquement stupide, erroné et inutile de soutenir unilatéralement le chef d’un État belligérant. Pro Suisse met vigoureusement en garde contre ce piège des relations publiques et réprouve la manière naïve dont est traitée la neutralité suisse. Par ailleurs, l’affaire laisse un arrière-goût d’inachevé : les partisans de l’abolition de la neutralité en Suisse, les turbos de l’UE et de l’OTAN ainsi que les personnes favorables à la transmission de matériel de guerre produit en Suisse approuveraient cette démarche dans l’objectif de faire appel aux émotions du public pour défendre leurs intérêts politiques.