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La pièce de trop dans le jukebox médiatique Pro-UE !

Auteur : Raphaël Pomey | Il faudra s’y faire : à chaque semestre, la presse nous pousse à nous injecter le venin de la soumission à grands coups de sondages. Celui du moment mérite le détour.

« Trump pousse les Suisses dans les bras de l’Union européenne », titre Blick, ce onze septembre 2025. À l’origine de cette affirmation définitive ? Un énième sondage qui indique, cette fois, que 61 % de Suisses seraient désormais favorables aux accords de soumission avec l’Union européenne.
Alors on nous dira que les chiffres ne mentent pas, mais l’histoire non plus : en nous intéressant un peu plus au directeur de cette étude de l’institut GFS Berne, Urs Bieri, on le trouve en train de nous expliquer dès 2023 que la guerre en Ukraine, à cette période, nous poussait dans les bras de Bruxelles ! Pour l’extinction des dinosaures, on ne sait pas l’influence exacte, en revanche.


 

Quant à Blick, qui relaie servilement la raison du moment de nous asseoir sur nos propres principes démocratiques, on relèvera qu’au mois d’août dernier, il n’hésitait pas à écrire que l’Europe était la dernière « bouée de sauvetage » pour notre pays, touché par les taxes américaines. Un « dernier espoir pour sauver l’industrie suisse » (nous citons toujours Blick) que viennent merveilleusement appuyer les nouveaux résultats.

 

Plébiscite sous perfusion

Là où la chatte a mal aux pieds, comme dirait un illustre conseiller fédéral, c’est sur la méthodologie du sondage, mené auprès de seulement 1000 personnes. L’an dernier, une autre étude, menée auprès de près de 20’000 personnes par la SSR, montrait que seul un peu plus d’un quart des sondés pouvaient être qualifiés « d’europhiles ». Quant à ceux qui exprimaient un « sentiment très positif » à l’égard de l’UE, ils n’étaient que 6 %. Doit-on s’étonner que les résultats d’un sondage mené pour le compte du lobby Interpharma, directement intéressé à un accès facilité au marché européen, produise aujourd’hui des résultats plus enthousiastes ?
Et c’est bien là le point aveugle de ces enquêtes : on ne sonde pas un texte d’accord, on sonde un climat créé artificiellement. En avril déjà, un sondage Tamedia affirmait que 47 % de Suisses applaudissaient l’abandon progressif de notre souveraineté  — alors que 35 % résistaient encore et que 18 % hésitaient. Bref : 53 % de sceptiques ou non-convaincus, mais dans les gros titres, on lisait déjà : « Les Suisses sont favorables ». 

 

Un déplorable problème de calendrier

Dernier clou dans le cercueil : la mise en relation avec les fameuses taxes de 39 %. Il faut en effet quatre paragraphes avant d’apprendre que le sondage a été mené avant le coup de massue venu de la Maison Blanche. « Il n’en reste pas moins que Berne était déjà sous la menace de sanctions », tente de se rattraper le journaliste. Mais entre-temps, le titre a déjà fait son effet : Trump en grand méchant, Bruxelles en grande sauveuse.
Et voilà comment, saison après saison, le jukebox médiatique tourne toujours la même rengaine : aujourd’hui Trump, hier l’Ukraine, demain le climat, après-demain les éclipses. Peu importe le prétexte, pourvu qu’on nous répète que « les Suisses » veulent se faire administrer par Bruxelles. Même quand, sondage après sondage, la moitié du pays continue obstinément de répondre : non merci.