Mesdames et Messieurs les journalistes,
Je me réjouis de vous accueillir à la conférence de presse de l‘association Pro Suisse. Le sujet sur lequel nous allons nous prononcer aujourd‘hui est d‘une actualité brûlante : il s‘agit de notre neutralité et des tentatives de la saper et de l‘affaiblir face à la guerre en Ukraine.
Que les choses soient bien claires dès le départ : Pro Suisse condamne avec la plus grande fermeté l‘attaque contre l‘Ukraine, tout comme d’ailleurs n‘importe quelle guerre. La guerre ne peut et ne doit jamais être un moyen de résoudre des problèmes.
Ce qui nous amène déjà à la question centrale : comment un pays neutre peut-il se positionner face à une guerre dévastatrice ?
Pro Suisse est l’organisation chargée de préserver et de défendre la neutralité suisse. L‘importance de Pro Suisse et de la neutralité suisse se reflète dans le nombre de nos membres : nous comptons désormais plus de 25‘000 membres qui nous soutiennent et, compte tenu du débat actuel sur
la neutralité, nous enregistrons au quotidien de nouvelles inscriptions.
Pro Suisse fait également partie des principaux soutiens de l‘initiative sur la neutralité. Plus que toute autre, cette initiative a été lancée exactement au bon moment. Elle entend définir avec plus
de précision notre neutralité suisse, qui a fait ses preuves, et empêcher ainsi que notre pays, poussé par des politiciennes et politiciens qui pensent à court terme et cherchent à se profiler, ne devienne une partie belligérante, mettant ainsi en danger notre sécurité et notre liberté.
Mesdames et Messieurs, nous savons tous que la Suisse doit la paix, la liberté et la sécurité à la neutralité intégrale de notre pays et donc de notre population. Même confronté à la menace du nazisme, notre pays est resté résolument neutre et a pu être l‘un des rares pays d‘Europe à porter haut l‘étendard de la liberté. Ce rôle important a été clairement reconnu par l‘ancien Premier ministre britannique Winston Churchill.
La neutralité suisse n‘a toutefois pas seulement protégé la Suisse et sa population, elle a également fait du pays, pendant des décennies, un lieu de « bons offices », de médiation de la paix, mondialement apprécié et respecté.
En effet, le Département fédéral des affaires étrangères indique à ce sujet :
« La Suisse est une partenaire reconnue et demandée au niveau international dans le domaine
de la médiation des négociations de paix et du soutien à des processus de médiation et de paix.
Au cours des dernières années, elle a encadré plus de 30 processus de paix dans plus de 20 pays. La Suisse met également toujours plus souvent à disposition d‘organisations internationales telles que l‘ONU ou l‘Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe OSCE des expertes et des experts qui interviennent dans des conflits sur mandat de l‘organisation ».
Le rôle particulier de la Suisse se reflète également à Genève, deuxième siège des Nations unies : en Suisse, les nations, y compris les nations ennemies, peuvent se rencontrer pour négocier et,
si possible, instaurer la paix, ce qui est plus important que jamais de nos jours ! Où la paix pourrait-elle être construite si ce n‘est en Suisse ou avec la Suisse en tant que médiatrice crédible ?
De plus, la Suisse est le siège du CICR et est donc attachée à la tradition humanitaire. Ce rôle essentiel, qui soulage et prévient la souffrance humaine, peut également être assumé de la meilleure manière possible en tant qu‘État neutre et non pas en tant que pays considéré comme belligérant
ou participants à des sanctions.
Mais pour rester crédible, la Suisse ne doit pas prendre parti, elle doit rester neutre ! C‘est une condition sine qua non que même un enfant peut comprendre !
Le contexte de guerre actuel montre l‘importance de la neutralité, mais aussi à quel point elle est devenue fragile, son importance et son rôle n‘étant plus guère reconnus. Ainsi, le Conseil fédéral, avec son affinité pour l‘étranger, que nous avons déjà connue lors des négociations avec l‘UE,
a précipitamment cédé à la pression étrangère au début de la guerre et a adopté des sanctions. Un acte inouï qui, vous vous en souvenez peut-être, a étonné le monde entier !
Cette « politique de ralliement » de notre Conseil fédéral lui a certes valu sur le court terme quelques applaudissements de la communauté internationale, mais elle a fait perdre la crédibilité de notre neutralité et lui a fait prendre parti, ce qui est désastreux.
Nous connaissons les conséquences : la Russie ne perçoit plus la Suisse comme un État neutre. À la place de la Suisse, des concepts de paix viennent désormais de la Turquie, du Brésil ou
de la Chine !
Le rôle originel de la Suisse serait pourtant d‘agir en tant que médiatrice neutre. En effet, nous devons tous être conscients d‘une chose : la paix ne pourra être obtenue qu‘à la table des négociations !
Pour cela, il faut une médiatrice crédible qui puisse réunir les parties en guerre et mettre à leur disposition la table des négociations.
Pro Suisse mettra tout en oeuvre pour que notre pays retrouve son rôle et sa mission comme État pratiquant une neutralité crédible et pour qu’elle prenne activement les mesures qui s’imposent. Elle formule à cet effet les revendications suivantes :
- La Suisse ne doit participer à aucune sanction, car cela ferait d‘elle une partie belligérante et lui ôterait toute crédibilité en tant que médiatrice. Mais il va de soi que la Suisse doit prendre des mesures pour éviter de devenir un pays où les sanctions sont contournées.
- La Suisse doit refuser toute livraison directe ou indirecte de munitions et d‘armes dans des régi ons en guerre ou à des belligérants, même avec effet rétroactif, ce qui est juridiquement indéfen dable et témoigne de l‘état d‘esprit de nos représentants politiques.
- La loi sur le matériel de guerre en vigueur ne peut pas être assouplie à la légère dans le but de se profiler. Pro Suisse, seule ou avec des partenaires, combattra tout assouplissement par des référendums.
- Au niveau international, la Suisse doit à nouveau jouer activement son rôle unique de médiatrice et de prestataire de bons offices et se concentrer sur la préparation des négociations de paix, l‘aide humanitaire et la planification de l‘ordre qui suivra la guerre.
Les chiffres actuels – que vous connaissez entre autres grâce au sondage du « SonntagsBlick » du 19 février dernier – démontrent que la neutralité, et donc la mission de Pro Suisse, sont extrêmement importantes et jouissent d‘un grand soutien dans l‘ensemble de la population, mais surtout chez les plus jeunes, qui ont encore tout leur avenir devant eux.
Nos revendications ne sont donc pas celles d‘une « ligue de certains passéistes », mais elles sont au contraire appuyées par une grande partie de la population.
Je vous indiquerai en conclusion les mesures que Pro Suisse prendra concrètement pour garantir et rétablir la neutralité suisse.
Je cède maintenant la parole au Conseiller national Walter Wobmann, Vice-président de Pro Suisse, qui va pour informer sur les erreurs et confusions au Parlement fédéral en ce qui concerne la neutralité suisse.