Restreindre l’accès à une piscine aux personnes ne résidant ni ne travaillant en Suisse : voilà une décision, prise à Porrentruy, qui n’en finit pas de faire couler de l’encre. « Xénophobe », « irritante », « stigmatisante » même… Les adjectifs les plus dramatiques se succèdent dans les déclarations des militants antiracistes professionnels, des comités de vertu et des bonnes âmes vigilantes — ces nouveaux inquisiteurs en sandales.
La cerise sur le gâteau ? La lettre indignée d’un élu du Rassemblement national, Christian Zimmermann, adressée au maire de Porrentruy. Le conseiller régional alsacien y dénonce une mesure « discriminatoire et disproportionnée », dans une missive complaisamment reprise par BFMTV. Heureuse époque, vraiment, où l’élu d’un parti qui prône la préférence nationale depuis cinquante ans en France s’indigne qu’une collectivité voisine ose prendre une décision de bon sens — dans l’intérêt de sa population, suisse comme étrangère. Une contradiction idéologique difficile à assumer ? Il faut croire, à en juger par le silence auquel nos questions se sont heurtées.
Et pendant ce temps, est-ce que la situation sécuritaire des bassins polonais est elle aussi délicate ? En tout cas, c’est une mesure autrement plus robuste que celle de Porrentruy que la Pologne a mise en place face à ses voisins allemand et lituanien. En cause : une longue histoire de tensions migratoires, de vexations réciproques, d’accusations d’avoir « refilé » les clandestins aux pays d’en face. « L’espace Schengen plonge dans une nouvelle crise », s’étrangle Le Figaro — qui s’émeut d’un monde où les frontières recommencent à ressembler à autre chose qu’un concept.
L’outrage diplomatique est rapide pour la Suisse
Douce ironie : pendant que les barbelés se redressent à l’Est, une simple décision locale en Suisse romande provoque un tintamarre digne d’une crise d’État. Il faut croire que dans notre pays, protéger un bassin familial vaut désormais outrage diplomatique.
Chez Pro Suisse, nous affirmons ceci sans détour : la souveraineté ne se mesure pas à la taille d’un territoire, mais à la clarté de ses décisions. Protéger un service public local quand il est débordé par des comportements inacceptables n’est ni raciste, ni populiste. C’est simplement ce que fait un État normal. Et c’est ce que nos meilleurs ennemis ne manquent pas de faire à grande échelle, quand cela les arrange.
Alors, à ceux qui crient au scandale, à ceux qui croient que la neutralité suisse se pratique en slip de bain, nous répondons calmement : la Suisse n’est pas un open bar. Pas plus dans ses piscines que dans ses lois.
– Raphaël Pomey