L’accord de soumission avec l’Union européenne possède une vertu magique : il suscite l’adhésion, même quand personne n’a la moindre idée de ce qu’il contient.
Vilains grognons, ces électeurs UDC ! Selon un sondage Tamedia publié le 2 avril, seuls les partisans du parti agrarien s’opposeraient — à 75 % — aux accords de soumission avec l’UE. Le reste de la population ? Elle applaudirait, à hauteur de 47 %, l’abandon progressif de notre souveraineté. 35 % résistent encore, 18 % hésitent — mais ne vous inquiétez pas, nos bons maîtres sont déjà à l’œuvre pour les ramener à la raison.
Le contenu desdits accords ? Toujours aussi flou — comme le dénoncent certains élus fédéraux depuis des mois — mais cela n’empêche nullement la Tribune de Genève de titrer avec l’entrain d’un moniteur scout : « Les Suisses sont favorables au paquet d’accords avec l’UE ! » Si, après ça, les lecteurs n’ont pas encore compris le sens de l’histoire, on pourra toujours leur proposer un petit stage de rééducation civique. Avec quiz à choix unique.
L’art de la sculpture sur nuage
Mais parce qu’on a l’esprit chagrin, on peine à comprendre comment il est scientifiquement possible de sonder une population sur un objet qu’elle ignore. Les Suisses sont-ils favorables à la réincarnation en licornes à sept pattes ? Si le Conseil fédéral et la majorité des partis le recommandent, on trouvera bien un institut pour l’attester. Et un journal pour en faire sa une.
En 2011, les médias s’étranglaient devant le slogan UDC : « Les Suisses votent UDC ». « Est-ce que ça signifie que ceux qui ne votent pas pour vous ne sont pas de vrais Suisses ? », interrogeait la RTS, le sourcil froncé. Quinze ans plus tard, ces délicates pudeurs se sont évaporées : on peut désormais proclamer, la bouche en cœur, que « les Suisses » veulent être dirigés de Bruxelles.
Quitte à leur faire un peu la leçon, puisque 53% de la population tarde à s’en convaincre.

Raphaël Pomey
Journaliste
C’est pourquoi il faut voter NON au traité de soumission à l’UE et NON à l’assujettissement 2.0 au Bailli Gessler.
Nous refusons : D’OBÉIR, DE PAYER ET DE NOUS TAIRE.