Partager l'article

L’ambassadeur des États-Unis délire sur la plus grave crise que la Suisse ait jamais connue

L'ambassadeur des États-Unis à Berne, Scott Miller, prend position sur la guerre en Ukraine dans une interview publiée dans la NZZ du 16 mars 2023. Dans un langage diplomatique particulièrement bien formulé, il présente des exigences claires à la Suisse. Selon lui, elle doit autoriser immédiatement les livraisons d'armes et il demande sans équivoque que le Parlement suisse modifie les bases légales. De plus, la Suisse se doit de confisquer largement les biens russes et de les mettre à disposition pour la reconstruction de l'Ukraine dans le cadre d'accords internationaux. Il « incite » la Suisse à prendre part à la Task-Force « Russian Elites, Proxies and Oligarchs ».

Pro Suisse constate que l’ambassadeur américain cherche certes à rester diplomate, mais entre les lignes, les menaces du représentant américain sont clairement décelables. Pro Suisse réfute avec la plus grande énergie l’affirmation selon laquelle la Suisse se trouve dans la crise la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale parce qu’elle serait confrontée à ce que représente réellement la neutralité. L’ambassadeur américain méconnaît la réalité politique de la Suisse. Seuls certains cercles de politique intérieure sont tout au plus en crise. La majorité des Suisses veulent conserver le principe de la neutralité. Ce sont en particulier les jeunes et les femmes qui s’opposent clairement aux livraisons d’armes. Un représentant d’un gouvernement étranger ne fait donc pas preuve de professionnalisme diplomatique lorsqu’il tente de faire endosser à la Suisse une crise dans le seul but de renforcer sa position.

L’interview de Scott Miller comporte également des contradictions. Il salue l’achat de l’avion de combat américain F-35 et du système de défense aérienne « Patriot », tout en considérant la Suisse comme un gouffre profitant du « donut » de l’OTAN. Il apprécie par ailleurs le mandat de protection pour la sauvegarde des intérêts américains en Iran et espère que la Suisse pourra un jour l’assumer pour l’Ukraine à Moscou. Mais il critique également la condition préalable à de tels bons offices, à savoir une politique de neutralité crédible, et demande l’abandon fondamental de la neutralité.

Le président de Pro Suisse, Dr Stephan Rietiker, constate : « L’ambassadeur américain doit prendre connaissance du fait que la neutralité de la Suisse n’est pas négociable et que la Suisse est extrêmement active dans la diplomatie de paix et dans le domaine humanitaire ».