Le sacrifice irréfléchi d’une neutralité crédible
Peu après le début de l’attaque russe contre l’Ukraine, la majorité du Conseil fédéral a repris sans réfléchir et au mépris de la neutralité les sanctions de l’UE contre la Russie. Le chaos règne toujours dans la Berne fédérale en matière de politique étrangère et la neutralité suisse est devenue le jouet des partis politiques qui cherchent à se profiler. Le lancement de l’initiative sur la neutralité le 8 novembre 2022 a été la réponse urgente et nécessaire pour remédier au manque d’orientation et à un déclin croissant d’une politique de neutralité crédible. Bien que l’initiative ait été passée sous silence par la plupart des médias et ridiculisée par les turbos de l’UE et de l’OTAN qui l’ont qualifiée de « ringarde », l’initiative a rapidement trouvé un écho favorable auprès de la population.
Le virage otanien pris par le DDPS a stimulé la collecte de signatures
Le rapprochement avec l’OTAN, mené tambour battant par la cheffe du DDPS, la Conseillère fédérale Viola Amherd, a fini par alerter l’opinion publique. Au lieu de s’attaquer enfin aux lacunes et aux manques d’équipement dans la défense militaire nationale, causés par une négligence grossière, la cheffe du DDPS s’est lancée dans un rapprochement de l’OTAN qui ne respecte pas notre neutralité. Les citoyennes et citoyens ont réalisé que la Suisse allait être entraînée dans le jeu de massacre militaire de l’OTAN. La collecte de signatures en faveur de l’initiative sur la neutralité a connu une véritable envolée. Il est évident pour le Comité que les Suissesses et les Suisses ne veulent pas d’une adhésion rampante à l’OTAN.
Lors du dépôt des signatures, le Président des Comités d’initiative, l’ancien Conseiller national Walter Wobmann, a constaté que l’aboutissement de l’initiative sur la neutralité impose un débat sur l’orientation de la politique étrangère de la Suisse et sur le fallacieux rapprochement opéré avec l’OTAN. Le Souverain a désormais la possibilité de mettre un terme à l’abandon de la neutralité armée perpétuelle, qui a fait ses preuves. Walter Wobmann a remercié Pro Suisse, l’UDC et ses partis cantonaux ainsi que les nombreuses personnes qui ont récolté des signatures de leur grand engagement.
Beaucoup de signatures récoltées en Suisse romande
Le Conseiller national Pierre-André Page a souligné le nombre important de signatures récoltées dans les cantons romands. Selon lui, Genève en particulier montre que la population veut préserver les valeurs traditionnelles telles que la diplomatie de paix et l’aide humanitaire. Genève, siège du CICR et de nombreuses organisations de l’ONU, constitue en effet une plateforme en terrain neutre pour la tradition humanitaire de la Suisse.
Pro Suisse est en première ligne
Le Président de Pro Suisse, Dr Stephan Rietiker, a rappelé que l’une des missions principales de Pro Suisse est de préserver la neutralité suisse. C’est pourquoi Pro Suisse a apporté une forte contribution au succès de la collecte des signatures. Il s’agit maintenant de se préparer à la campagne de votation avec des partenaires de gauche et de droite.
Christoph Blocher – auteur de l’initiative sur la neutralité
Pour l’ancien Conseiller fédéral Christoph Blocher, l’initiative sur la neutralité est une réponse à l’érosion subtile et à la propagande d’abolition de la neutralité suisse. Sa relativisation et son érosion actuelles ont pour but de participer à des guerres étrangères au moyen de mesures de coercition non militaires (sanctions économiques ou diplomatiques) ou – actuellement – de faire entrer la Suisse au sein d’alliances de défense comme l’OTAN. L’initiative populaire « Sauvegarder la neutralité suisse (initiative sur la neutralité) » inscrit dans la Constitution les valeurs de référence suivantes :
- La neutralité suisse est la neutralité permanente, armée et globale (intégrale).
- La Suisse n’adhère à aucune alliance militaire ou de défense. La Constitution fédérale limite désormais la collaboration avec de telles organisations militaires au cas où la Suisse serait concrètement attaquée.
- La non-participation à des guerres étrangères, surtout par des mesures de contrainte non militaires, est limitée.
- L’initiative impose à la Suisse de faire usage de son statut particulier – grâce à la neutralité suisse – pour intervenir en cas de conflit et le prévenir ou le résoudre (ce que l’on appelle les bons offices).
Affinché la Svizzera non soccomba
L’initiative sur la neutralité comme garante d’une politique de neutralité crédible
Exposé succinct prononcé par Christoph Blocher à l’occasion du dépôt de l’initiative sur la neutralité le 11.04.2024.
L’initiative sur la neutralité est le contre-pouvoir qui s’oppose à l’affaiblissement subtil et à la propagande visant à faire disparaître la neutralité suisse. La relativisation et l’affaiblissement actuels ont pour but de participer aux conflits armés étrangers par le biais de mesures de coercition non militaires (sanctions économiques ou diplomatiques) ou, actuellement, d’entraîner la Suisse dans des alliances de défense comme l’OTAN.
L’initiative populaire «Sauvegarder la neutralité suisse (initiative sur la neutralité)» ancre les principes suivants dans la Constitution:
- La neutralité suisse est la neutralité permanente, armée et complète (intégrale).
- La Suisse n’adhère à aucune alliance militaire ou défensive. La Constitution autorise désormais la coopération avec de telles organisations militaires uniquement en cas d’attaque concrète contre la Suisse.
- La non-participation aux conflits étrangers, notamment par le biais de mesures coercitives non militaires, est restreinte.
- L’initiative oblige la Suisse à utiliser son statut spécial, grâce à la neutralité suisse, pour servir de médiateur dans les conflits et les prévenir ou les résoudre. (Les dénommés bons offices.)
La neutralité complète (intégrale)
Ces derniers temps, la neutralité complète est abandonnée de manière irréfléchie en participant aux mesures coercitives non militaires (au Moyen-Âge: le barrage du pain). Notamment en prenant part aux sanctions économiques. La Suisse est ainsi devenue un pays belligérant dans la guerre en Ukraine. La Suisse a déjà connu ce genre de situation:
le 5 mars 1920, elle a rejoint la Société des Nations pour «développer l’universalité», comme stipulé dans le rapport d’adhésion. La Suisse pouvait conserver la neutralité armée et permanente, mais devait renoncer à sa forme complète, la neutralité intégrale, notamment à la non-participation aux sanctions contre les États belligérants.
Ce qui a été fatal à la Suisse! En 1936, dans la guerre qui opposait l’Italie et l’Éthiopie, la Société des Nations a obligé les États membres à prononcer des sanctions économiques absolues contre l’Italie. La Suisse n’a pas été autorisée à invoquer la neutralité intégrale pour ne pas y participer. L’Italie a menacé la Suisse d’occuper au moins sa partie sud, si celle-ci participait aux sanctions. Notre pays a résisté, a porté le sujet devant le Conseil de la Société des Nations et, en menaçant de quitter la Société des Nations, a reçu l’autorisation exceptionnelle de revenir à une neutralité complète.
Le «rapport du Conseil fédéral à l’Assemblée fédérale sur la neutralité de la Suisse au sein de la Société des Nations» du 8 juin 1938 vaut la peine d’être lu!
En 1938, un petit pays comme la Suisse a reconnu que le sacrifice de sa neutralité était une erreur. La Suisse s’est trompée en adhérant à la Société des Nations en 1920.
La Confédération est revenue aux bases. Depuis 1938, la neutralité permanente, armée et intégrale est de nouveau appliquée, assurant ainsi la paix et la souveraineté de la Suisse pendant la Deuxième Guerre mondiale. L’initiative sur la neutralité redonne de la crédibilité à la neutralité suisse.