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Souverainistes et libéraux authentiques : l’union sacrée

L’économiste et essayiste libéral Nicolas Jutzet estime que le prix de l’accord avec l’UE est tout simplement inacceptable pour la Suisse. Et il ne voit guère d’avenir radieux si nous laissons nos élites fédérales nous rouler dans la farine.

Le 5 avril dernier, plusieurs centaines de membres de Pro Suisse se sont rassemblés à Berne. De plus en plus de libéraux luttent contre le rattachement de la Suisse à la bureaucratie monstrueuse de Bruxelles et se retrouvent dans le combat pour la souveraineté de la Suisse.

« La politique européenne du Conseil fédéral et de l’administration fédérale n’est pas conforme aux traditions démocratiques de la Suisse. » Voilà ce que dénoncent le Dr Stephan Rietiker et Werner Gartenmann, respectivement président et directeur de Pro Suisse, dans une lettre ouverte adressée à la Présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter. En cause : l’accès réservé à une poignée d’élus triés sur le volet aux textes de l’accord de soumission à l’Union européenne, selon la presse. Des méthodes aux antipodes de nos traditions, qui n’annoncent rien de bon…

Mais qu’on ne s’y trompe pas : la lente érosion de notre démocratie directe n’inquiète pas que le camp souverainiste. Déjà monté au front lors du combat de l’alliance Boussole/Europe, Nicolas Jutzet, libéral pur jus, enfonce le clou dans un entretien accordé au Peuple. Sans langue de bois, il appelle la Suisse à se « méfier d’un rapprochement » avec l’UE pour préserver sa nature « moins bureaucratique et centralisée ».

Une relation déséquilibrée

À l’en croire, « en acceptant l’accord-cadre 2.0, nous prenons le risque que les dimanches de votations se transforment en discussions visant à déterminer si oui ou non nous acceptons de courir le risque d’être sanctionnés par l’UE en fonction du résultat qui sort des urnes. »
Catastrophisme ? Quand on voit comment on étouffe tout véritable débat sur cet accord de soumission, on est forcé de constater que ses craintes sont fondées.

Et le cofondateur du média Liber-thé de conclure : « Je suis pour des relations commerciales privilégiées qui rendent la Suisse plus libre, d’égal à égal ; ce n’est pas le deal qui est sur la table. »

Libéraux authentiques ou souverainistes, peu importe, en somme : pour tous les amoureux de la Suisse, un seul mot d’ordre aujourd’hui — celui rappelé par l’ancien conseiller fédéral Christophe Blocher lors de l’assemblée générale de Pro Suisse du 5 avril : « Nous ne voulons pas avoir de juges étrangers ! »

 

– Raphaël Pomey